Il est des passions qui saisissent au plus profond de chacun. Youssef Gardam n’avait que vingt-trois ans lorsque l’huile d’olive s’est emparée de lui. Histoires d’une complicité vouée à l’éternelle.
A l’image d’un viticulteur passionné de sa vigne, Youssef vit par et pour l’olivier depuis plus de quatre ans.
Des débuts délicats
C’est d’abord vers la médecine que ce sparnacien d’origine décide de s’orienter. Mais l’amour de l’olivier et de son huile devient bientôt le plus fort, l’incitant à tout arrêter pour se laisser « complètement absorbé par cette passion ». Direction alors la Provence pour un stage d’apprentissage dans la fabrication d’huile d’olive avant de s’envoler ensuite vers le Maroc. « A l’époque, le secteur oléicole marocain était très peu développé et avait très mauvaise réputation sur le plan international. Je suis allé là-haut pour comprendre où ça pêchait, et produire enfin ma première huile ». Décision est prise pour Youssef d’installer le premier moulin à huile d’olive sur les 25 ha de terres que possédaient ses grands-parents près de Safi. « J’avais l’ambition de révolutionner l’huile d’olive marocaine. Il y avait un impératif de réussite terrible et surtout la peur de savoir si mon huile allait plaire ». Car au-delà d’une production moderne d’huile (fabrication avec machines), Youssef Gardam s’est lancé un défi d’authenticité en voulant élaborer son huile avec un petit moulin traditionnel.
Très vite, le nouvel exploitant comprend que le fruit de son labeur a un grand potentiel. L’objectif est alors de commercialiser cette huile, et c’est en retournant au Maroc que la chance choisit d’aider Youssef : « 2M, la télé nationale, mettait en place une real-TV dans le but de trouver LE meilleur entrepreneur du pays. Je me suis inscris sans savoir que j’allais me retrouver parmi les cinq finalistes sur 5000 candidats ». Face à un jury de professionnels, le jeune producteur ne peut s’appuyer que sur son bagout pour convaincre de la viabilité de son projet. « J’y ai vraiment cru au moment où j’ai dit au jury que je voulais devenir l’ambassadeur de l’huile d’olive de par le monde, j’ai su que j’avais fait mouche ». Au Maroc, la finale de l’émission est un événement national. Les cinq finalistes se présentent devant un jury composé de ministres, du rédacteur en chef d’un journal économique, de grands chefs d’entreprise et de financiers. Le premier ministre marocain lui-même fera une intervention pendant la soirée. Youssef ne remporte pas la victoire mais gagna, ce soir-là, bien plus qu’il ne pouvait l’imaginer : « le lendemain, j’étais devenu M. Huile d’Olive, tout le monde me reconnaissait dans la rue. J’ai compris qu’il fallait désormais que mon huile arrive très vite dans les magasins… ».
L’impact de l’émission est tel que Youssef Gardam se voit contacté par la prestigieuse enseigne Olivier & Co (spécialiste de l’huile d’olive de haute qualité) qui lui propose de distribuer son huile en Europe, la déclarant même Meilleure huile d’olive de l’année. « Tout allait bien, mon huile était distribuée dans 80 boutiques en France, aux Etats-Unis, au Maroc et au Moyen-Orient. Malheureusement, c’est dans ces moments que naissent les jalousies et les conflits d’intérêts ». Un différend l’opposant à Olivier & Co l’amène à stopper son partenariat, Youssef préférant créer lui-même son réseau de distribution. C’est sur ce dernier point que nait le conflit entre le producteur et un journal local, ce dernier l’accusant d’escroquerie envers de futurs associés. A cela, le faiseur d’huile répond que ses choix d’annuler tous ses projets étaient « légitimés par des mises en gardes reçues à l’encontre de ces dits associés ».